Le Forum de l’AIT (Agence de l’innovation pour la défense) a organisé une table-ronde avec des acteurs de renom tels que le groupe RATP, Urbanloop ou l’Agence de l’innovation pour la défense. La question posée était : de quelles innovations de rupture avons-nous besoin dans le secteur des transports ? Les participants ont souligné que l’innovation ne réside pas seulement dans la technologie et les nouveaux carburants, mais aussi, et surtout, dans les changements comportementaux des voyageurs.
Décarboner le secteur des transports : une nécessité
Jean-Philippe Mangeot, CEO d’Urbanloop, a débuté la discussion sur le sujet de la décarbonation en soulignant que le transport reste le plus gros émetteur de CO2 dans notre société occidentale moderne. Selon lui, il y a une différence entre les milieux urbains, où de nombreuses solutions de mobilité sont disponibles, et les zones moins densément peuplées, où l’on observe « une utilisation massive de la voiture ». Anne-Florie Coron, adjointe au directeur général à la direction générale des infrastructures, des transports et des mobilités (DGITM), a affirmé qu’il faut impérativement un changement des usages si l’on souhaite décarboner les transports. Elle a également souligné que décarboner le secteur n’est pas forcément synonyme de baisse de qualité de services, de sécurité et de fiabilité.
L’hydrogène, une innovation de rupture nécessaire ?
Frédéric Tran Kiem, directeur en charge du digital, des systèmes d’information et de l’innovation au sein du groupe RATP, a souligné que l’enjeu de la décarbonation est un enjeu majeur et au-delà de l’innovation, la question de la production d’énergie sera primordiale. Selon lui, l’innovation de rupture dans le secteur des transports est l’hydrogène. Il a déclaré qu’il y a un très fort potentiel et que le groupe RATP a déjà plusieurs projets comme des bus fonctionnant grâce à l’hydrogène. Cependant, il a également souligné que la véritable rupture sera davantage comportementale que technologique. Il faut que les voyageurs laissent leur voiture thermique au garage et se tournent vers des mobilités décarbonées.
Le MaaS pour les villes et les mobilités douces en zones rurales
Le MaaS (Mobility as a Service) peut constituer un élément clé pour favoriser l’usage des transports en commun et des mobilités douces en zones urbaines et rurales. Le concept de MaaS consiste à proposer une offre de mobilité intégrée, accessible via une plateforme numérique unique, et qui permet aux utilisateurs de planifier, de réserver et de payer leur trajet en utilisant différents modes de transport.
Selon Frédéric Tran Kiem, le MaaS pourrait être une solution efficace pour encourager l’utilisation des transports en commun dans les zones densément peuplées, tandis que les mobilités douces pourraient être privilégiées dans les zones rurales. Cependant, il souligne que la France et l’Europe en général sont encore en retard en matière de maturité industrielle pour la production de nouveaux modes de transport et de systèmes de mobilité. Cela pourrait affecter la capacité de l’Europe à se positionner sur le marché et à répondre aux enjeux de la transition écologique.
La nécessité d’un changement de comportement des voyageurs
Au-delà de l’innovation technologique et des nouveaux carburants, les acteurs du secteur des transports soulignent également la nécessité d’un changement de comportement des voyageurs. Selon Anne-Florie Coron, pour parvenir à décarboner les transports, il est impératif de modifier les habitudes des usagers. Les voyageurs doivent être incités à laisser leur voiture thermique au garage et à adopter des modes de transport plus écologiques.
Conclusion
Pour parvenir à décarboner le secteur des transports et répondre aux enjeux de la transition écologique, l’innovation technologique et les nouveaux carburants ne suffisent pas. Les acteurs du secteur soulignent la nécessité d’un changement de comportement des voyageurs et de solutions de mobilité adaptées aux zones urbaines et rurales. Le MaaS pourrait constituer une solution efficace pour encourager l’utilisation des transports en commun et des mobilités douces, mais il est crucial de développer une maturité industrielle en France et en Europe pour produire ces nouveaux modes de transport et systèmes de mobilité.