Les stratégies de plateformes aujourd’hui et demain

Les stratégies de plateformes visent à faciliter les échanges de biens et de services entre plusieurs groupes interdépendants, souvent des producteurs et des consommateurs. Dans un entretien avec Benoît Reillier, fondateur de Launchworks.co, nous avons exploré les concepts clés de son ouvrage Platform Strategy, également décliné en bande dessinée. Il y partage sa vision de l’avenir des plateformes commerciales.

Selon lui, ces stratégies ne remplaceront pas les entreprises traditionnelles, mais devraient plutôt les inspirer. Elles offrent un immense potentiel pour bâtir des modèles hybrides mêlant plateformes et chaînes de valeur classiques.

Comprendre les stratégies de plateformes

Le livre de Benoît Reillier, illustré par Louise Plantin (Dunod, 2018), permet de mieux saisir les dynamiques des plateformes modernes. Parmi les exemples emblématiques : Airbnb, Uber, Google, Amazon ou eBay. Ces entreprises reposent sur un modèle qui connecte des utilisateurs entre eux – créateurs de valeur et demandeurs.

Avec la montée des médias sociaux, des plateformes comme YouTube ou TikTok jouent également un rôle majeur, en hébergeant et diffusant des contenus générés par les utilisateurs.

La logique diffère totalement de celle des entreprises traditionnelles. Ces dernières produisent, stockent et vendent, tandis que les plateformes orchestrent des écosystèmes sans posséder les biens ou services échangés.

Prenons Expedia, qui centralise la réservation de voyages, ou Tinder, qui met en relation des individus : ce sont des plateformes construites autour de l’interaction et du matchmaking.

Plateformes vs chaînes de valeur

Les entreprises traditionnelles s’appuient sur une chaîne de valeur linéaire : elles achètent, transforment, vendent. Par exemple, un constructeur automobile part de matières premières pour créer une voiture.

Les plateformes, elles, ne créent pas directement les produits ou services. Elles connectent des acteurs et facilitent leurs interactions. Elles génèrent de la valeur en rassemblant un nombre croissant de participants.

Deux piliers du modèle plateforme : effet de réseau et élasticité des prix

L’effet de réseau

Ce phénomène central signifie que plus il y a d’utilisateurs sur une plateforme, plus elle a de valeur pour chacun. Mais atteindre une masse critique est un défi. Une fois cette masse atteinte, la croissance devient organique.

L’élasticité des prix

Contrairement aux idées reçues, les plateformes doivent être prudentes lorsqu’elles modifient leurs tarifs. Un changement de prix mal calibré peut déséquilibrer l’ensemble de l’écosystème et faire fuir certains groupes d’utilisateurs. Les effets indirects y sont plus forts que dans les modèles traditionnels.

Quel avenir pour les plateformes ?

Des critiques ont émergé contre des plateformes comme Airbnb ou Amazon, accusées de perturber des secteurs entiers, comme l’hôtellerie ou le commerce de détail. Pourtant, Benoît Reillier reste optimiste : selon lui, les plateformes ne remplaceront pas les modèles traditionnels, mais coexisteront avec eux.

L’avenir appartiendra à des entreprises capables de combiner plusieurs modèles d’affaires, selon les secteurs et les usages.

Vers un modèle d’entreprise hybride

Les chaînes de valeur ne disparaîtront pas. Les entreprises intégreront les atouts des plateformes à leurs pratiques existantes. L’émergence du Web3, du métavers ou du Web immersif enrichira cette diversité stratégique.

Conclusion : s’inspirer plutôt que craindre

Il y a dix ans, l’« Uberisation » faisait craindre la disparition des entreprises traditionnelles. Aujourd’hui, ces peurs apparaissent excessives.

Le modèle plateforme n’est pas une menace, mais une opportunité. Il invite les entreprises à réinventer leur manière de créer de la valeur, à innover et à se rapprocher de leurs clients d’une nouvelle façon.

N’ayez pas peur, osez les modèles mixtes. C’est là que réside l’avenir de l’innovation entrepreneuriale.