Le Maroc et le Royaume-Uni unis par un projet d’envergure pour produire de l’énergie propre
La centrale nucléaire écossaise de Hunterston B a fermé ses portes en janvier de cette année après avoir produit suffisamment d’énergie pour alimenter 1,8 million de foyers britanniques pendant 46 ans et avoir fourni plus de 500 emplois aux personnes vivant dans l’une des régions les plus défavorisées du pays.
Une nouvelle usine XLCC, qui sera construite à Hunterston en 2023, prendra la place de la centrale nucléaire. Cette usine ne produira pas d’électricité, mais prévoit de créer quatre câbles électriques à haute tension et à courant continu (HVDC) qui s’étendront sur 3 800 km de la côte sud de la Grande-Bretagne, sous la mer, jusqu’à une zone désertique à Guelmim Oued Noun, au Maroc.
Ces câbles fourniront assez d’énergie pour alimenter 7 millions de foyers britanniques et couvrir 8 % des besoins en électricité du Royaume-Uni avec 10,5 gigawatts de soleil et de vent sahariens d’ici 2030. La technologie HVDC a été mise en place en 1954 et est utilisée pour transporter de l’électricité sur de longues distances grâce à des câbles souffrant de faibles pertes d’énergie (environ 2 %) par rapport aux 30 % perdus par les systèmes à courant alternatif (AC) utilisés par la plupart des réseaux énergétiques. Les câbles HVDC nécessitaient cependant des sources de production d’énergie puissantes et constantes, comme les centrales nucléaires, et des stations de conversion de la taille d’un terrain de football pour remettre l’électricité en courant alternatif à la terminaison d’un câble.
Cela signifiait que le HVDC coûtait des centaines de millions de livres et que l’installation pouvait prendre des décennies. Dans les années 90, un nouveau système utilisant des transistors bipolaires à grille isolée (IGBT) ou des commutateurs électroniques a été introduit, permettant aux opérateurs d’utiliser des sources d’énergie renouvelables faibles, comme les parcs solaires et éoliens, avec le HVDC. Les projets HVDC restent couteux, mais les IGBT ont permis de connecter des réseaux nationaux à des fermes solaires éloignées, augmentant ainsi leur popularité.
Le projet XLCC prévoit d’utiliser la technologie HVDC avec des IGBT pour transporter de l’électricité renouvelable produite au Maroc vers le Royaume-Uni. Les câbles seront enterrés sous la mer et reliés à des sous-stations sur la côte sud de la Grande-Bretagne. Le projet a été développé par Xlinks et est soutenu par le gouvernement britannique, qui a octroyé une subvention de 500 millions de livres pour son lancement.
Selon Richard Hardy, directeur de projet chez Xlinks, le projet a suscité la surprise en raison de son ampleur, mais il est logique de récupérer de l’énergie lorsqu’il est possible de le faire.
Le projet XLCC permettra de réduire les émissions de gaz à effet de serre du Royaume-Uni et de créer des emplois pour les travailleurs de Hunterston. Les travaux de construction de l’usine XLCC devraient débuter en 2023 et s’achever en 2030, lorsque l’objectif de fournir de l’énergie renouvelable à 10,5 gigawatts sera atteint.